Une heure et demi, le réfectoire commence à se vider.
Les soldats, désormais rassasiés et satisfaits de leur repas (bien qu'aux yeux d'une certaine brune, les portions données sont de bien maigres collations), n'ont plus de raisons de rester dans la salle. Outre les quelques tire-au-flanc, perdant un laps de temps le plus large possible en ce lieu afin de se la couler douce au lieu d'aller faire leur étirements réglementaires dans la salle d’entraînement.
Sasha fait partie de ces traînards. Toutefois, la demoiselle ne patiente pas ici pour rater quelques minutes d’échauffements, enfin si dans un certain sens, mais, surtout pour un but bien précis et lui étant propre : chaparder de la nourriture en cuisine une fois que toute potentielle surveillance soit neutralisée. Pour cela, il faut donc que la miss soit seule ou en compagnie de gens sachant tenir leur langue tels que les glandouillards avec qui l'adolescente s'entend à merveille. Vous voyez ? Ce genre de personnes qui ne disent rien pour l'une de vos conneries et en échange, vous faites de même pour eux ? La règle du donnant donnant quoi !
Bref.

La dernière recrue potentielle de nuire au vol de la chasseresse vient de passer la porte de la cantine. Un petit coup d’œil en direction de la porte du garde-manger et la brunette salive déjà en imaginant les merveilles regorgeant derrière cette dite porte. Aaah... La nourriture, le saint Graal ! Quoi de mieux que quelques mets délicats ? Certes, du pain sec, des pommes de terre et du ragoût, il y a bien mieux, mais c'est déjà amplement suffisant pour mademoiselle Braus ! Après tout, le seul hic qu'elle remarque à chaque repas, est le fait que son assiette est quasiment vide. « Des petits repas afin d'économiser les vivres » a ce qu'ils disent, les instructeurs. Pff, baliverne ! La pilleuse de vivres est presque sûre qu'en réalité, les hauts gradés se servent de ça comme prétexte pour se servir de belles assiettées dans l'ombre !
Enfin bon, la paysanne ne va pas passer des lustres à douter sur la sincérité de ses supérieurs, elle a bien mieux à faire ! Quoi ? Eh bien pénétrer l'antre aux mille merveilles pardi !

Se levant de son banc, elle se déplace à pas de velours (même si des gens la voient, elle a ce tic de marcher silencieusement tel un prédateur s'approchant furtivement de sa proie.) en direction de sa destination paradisiaque.
Une fois face à la délimitation de bois, la brune prend une profonde inspiration avant de tourner la poignée et écarquiller de grands yeux ronds, pétillants d'admiration.

Divers effluves alléchants enivrent l'air ambiant. Des paniers d'osier remplis à ras bord de délicieux pains de seigle ou de blés complets. Des fonds, voire tiers, de soupes stagnants dans les marmites encore chaudes ...

-J-Jackpot ! ~

Se laissant bercer par tous ces parfums appétissants, la goinfre en a partiellement, non, complètement, oublié cette étrange présence derrière elle...